De Montel, tous les témoignages concordent à louer la fidélité en amitié, l’importance qu’il lui attachait, jusqu’à faire de lui un « monstre de l’amitié », mais aussi son attachement inébranlable à sa ville natale. Les deux se conjuguent dans son attachement à l’association du Mesclun, qui pourrait sembler anecdotique si ne s’y révélaient quelques-uns de ses traits de caractère les plus emblématiques.

 

 

Le mesclun (du niçois mescla, mélanger), c’est d’abord cette salade composée d’au moins cinq variétés de plantes (roquette, chicorée, laitue, mâche, trévise, scarole…) inventée par les moines de Cimiez et à laquelle Montel, poète à ses heures, a dédié un sonnet :

 

La cueillette du mesclun (P. Montel)

 

Le moine de Cimiez a retroussé la manche

De sa robe de bure aux plis décolorés.

Le ciel au bleu d’azur a des reflets dorés.

La cloche du couvent chante le beau dimanche.

 

Son bras droit étendu, l’autre tenant la hanche,

Penché sur les buissons en tous sens explorés,

Il cueille l’herbe tendre aux contours ajourés

Qui croît dans le jardin à l’ombre d’une branche.

Toutefois le Mesclun, c’est aussi le nom du « foyer des amitiés niçoises à Paris », créé en 1924 par Philippe Tiranty et Paul Gordeaux. Montel devient trésorier dès la première assemblée générale, et le restera.

 

L’association conjugue un caractère fraternel à des activités d’ampleur : les soirées et galas qu’elle organise comptent jusqu’à 1000 invités. Elle revêt une grande importance pour Montel : car, « là où son âme se montre tout entière, c’est dans celles si nombreuses de ces manifestations où nous fêtions un camarade. Alors, toute son affection

débordait et les discours qu’il prononçait dans ces occasions pourraient composer une anthologie de l’amitié ». (Ph. Tiranty). C’est ainsi Le Mesclun qu’il choisit pour fêter son élection à l’Académie des Sciences ou sa promotion au rang de Grand Officier de la Légion d’honneur.

Portant son sac empli d’un savoureux parfum,

Il s’en ira demain vendre le bon mesclun

Depuis Rauba-Capeù jusqu’à la Pairolière.

 

Pour l’amour du prochain sa vente est charité,

Et du coeur apaisé d’êtres déshérités,

Montera vers Cimiez une ardente prière.

LOU MESCLUN